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TDAH et Migraines : le duo infernal.


Migraine et TDAH, de vieux amis.
Migraine et TDAH, de vieux amis à combinaison explosive.

Ceux qui sont migraineux le savent : la migraine est une empêcheuse de penser et de tourner en rond, de cause multifactorielle. D'un autre côté, un TDAH est une particularité neurodéveloppementale aux conséquences multiples. Mais saviez-vous que les deux conditions sont liés?


Mais tout d'abord, qu'entend-t-on par migraine?


Qu'est ce que sont vraiment les migraines ?


Beaucoup de personnes disent souffrir de migraine mais en réalité 70% sont des céphalées de tension. Ces deux maux ont des différences importantes.


La migraine est un type de céphalée caractérisée par des maux de tête récurrents, d'intensité douloureuse moyenne à forte, souvent pulsatiles et unilatéraux, accompagnés de symptômes tels que nausées, vomissements, vertiges et une sensibilité accrue à la lumière et au bruit. Les crises de migraine peuvent durer de 4 à 72 heures et sont souvent invalidantes, affectant considérablement la qualité de vie. Un signe qui la différencie de céphalée de tension est qu'elle est aggravée à l'effort, alors que ce n'est pas le cas pour les céphalées de tension.

La migraine peut être précédée d'une aura, qui est un ensemble de symptômes neurologiques transitoires, comme des troubles visuels ou sensoriels. Je ferai un post dédié pour les migraines car s'il y a autant de migraines que de personnes migraineuses, en plusieurs décennies de migraines, j'ai ainsi appris par moi-même que quelques règles de vie sont tout de même indispensables si on veut éviter le traitement de cheval.



Voici a quoi ressemble une aura migraineuse dans mon cas, et elle reste yeux ouverts ou fermés puisque le cerveau la génère. Très embêtant au quotidien !
Voici a quoi ressemble une aura migraineuse dans mon cas, et elle reste yeux ouverts ou fermés puisque le cerveau la génère, bouge avec le déplacement du regard. Très embêtant au quotidien, pour conduire ou si quelqu'un me parle (difficile de dire "euh stop, je suis en train d'avoir une crise migraineuse") !

Les céphalées de tension sont généralement bilatérales, la douleur est faible à moyenne, dure plus longtemps et il n'y a pas de signes associés. Elles se produisent souvent après un stress ou une longue journée de travail.

Il existe d'autres types de céphalées, comme l'algie de la face, infectieuse, ou encore après une prise d'alcool, mais cela n'est pas le sujet de ce post!


Les deux céphalées ayant des causes différentes et des symptômes différents, l'approche de soin sera donc très différente, mais dans les deux cas l'anxiété joue un rôle, que se soit générateur ou une conséquence liée à la douleur.


Alors la migraine, dans la famille, ça nous connait et c'est dans notre cas clairement génétique : nous avons votre servitrice, avec des migraines dites "hémiplégiques", c'est-à-dire précédées de troubles de l’élocution, des fourmillements au niveau du visage et d'un côté du corps (bras surtout), avec une sorte d'engourdissement temporaire ou une extrême faiblesse, et une aura scintillante qui obscurcit la vue petit à petit pendant environ 30 minutes, avant le déclenchement de la douleur, intense, qui se propage souvent aux yeux et reste environ 3 jours (et nuits!). Le tout est très embêtant quand on conduit par exemple, ou en réunion quand on ne voit même plus le visage de l'interlocuteur en face de soi (sans parler de la douleur et du discours pâteux et désordonné). Cela peut parfois évoquer des symptômes d' accident vasculaire cérébral, qui lui est autrement plus grave et nécessite une visite très rapide aux urgences.


Et nous avons la fille aînée, qui a des migraines vestibulaires, associées à de forts vertiges, nausées et jusqu'à des vomissements. Si les troubles associés peuvent mettre des jours à disparaitre surtout en cas d'infection ORL associée, la douleur est moins durable en général. Ce type de migraine est très fréquente en particulier à cause du bruit, de la chaleur ou du manque d’aération dans les salles de classes. Le tout empire évidemment en cas de rhume et/ou d'otite qui induit une pression sur l'oreille interne (sympa quand on est allergique aux acariens et aux pollens avec une rhinite allergique à l'année, antihistaminiques ou pas).

Pour nous il y a donc une forte composante génétique, héritée car une grand-mère en avait, et notre plus petite montre aussi de signes de maux de tête et de ventre associés, pas encore qualifiés de migraine car elle a 6 ans, mais, comme sa sœur, elle a aussi un TDAH.



La céphalée de tension n'est pas une migraine
La céphalée de tension n'est pas une migraine, même si elle reste pénible au quotidien.

Bon alors OK, les migraines sont des maux de têtes bien particuliers avec un retentissement systémique. Mais quel est le rapport avec le TDAH?

Alors, quel est le rapport avec le tdah ?


Le tdah (Trouble de Déficit de l'Attention avec ou sans Hyperactivité) est souvent associé avec des troubles neurodéveloppementaux (66%), tels que trouble du spectre autistique (caractéristiques génétiques communes), troubles divers (anxieux, alimentaires, addictions etc), dyslexie, entres autres (Zoppé et Weibel, 2024 : https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S2666479824001642).


66% des TDAH ont des comorbidités (source https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S2666479824001642)
66% des TDAH ont des comorbidités (Zoppé et Weibel, 2024 : https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S2666479824001642)

Mais ce n'est pas tout, il peut être associé à d'autres conditions comme la migraine (publications scientifiques ici et celle-ci en français indispensable à lire sur les comorbodités du TDAH ici).


C'est que nous avons appris en consultant pour notre fille migraineuse et avec une œsophagite à éosinophiles (douleurs thoraciques) un médecin spécialiste de la douleur. Nous le consultions afin d'éviter au maximum les traitement médicamenteux, réguler les douleurs et donc connaître ce qui les provoque et les aggrave, comme dans le cas de la migraine, une propension a beaucoup trop "cogiter" (HPI + TDAH obligent, merci le petit hamster dans sa roue). Nous avons donc appris en particulier cette comorbidité entre le TDAH et les migraines.


Si c'est beaucoup moins discuté que les autres comorbidités (TSA, troubles des apprentissages notamment), c' est un sujet d'intérêt croissant dans la recherche médicale. Les personnes atteintes de TDAH sont plus susceptibles de souffrir de migraines, et cette comorbidité est observée chez les enfants et les adultes.


Les études démontrent une association ainsi positive et significative entre le TDAH et les migraines pour les adultes. Fassmer et al. (2011) ont montré dans leur étude que 28,3 % des 572 sujets adultes atteints de TDAH souffraient de migraine, alors que seulement 19,2 % des 675 sujets sans TDAH du groupe témoin souffraient de migraine. D'autres études allant dans le même sens ont également montré une forte association TDAH-migraine, d'autant plus que l'âge augmentait et le sexe était féminin (cette étude), et d'autant plus que les perturbations visuelles (aura) étaient associées (cette étude).




Les enfants qui souffrent de migraines sont plus susceptibles d'avoir un TDAH que le reste de la population infantile .
Les enfants qui souffrent de migraines sont plus susceptibles d'avoir un TDAH que le reste de la population infantile .

Chez les enfants il existe aussi un fort lien TDAH et migraine (Arruda et al., 2020, ici). Ceux qui ont des problèmes de performance scolaire et plus de huit jours de maux de tête par mois, sont huit fois plus susceptibles de souffrir de TDAH que ceux qui n'en avaient pas. Ils ont également montré que la fréquence du TDAH était significativement plus élevée chez les enfants souffrant de migraine en général (10,8 % contre 2,6 %), de migraine épisodique (10,2 % contre 2,6 %) et de migraine chronique (19,4 % contre 2,6 %) par rapport aux témoins.


Pourquoi cette association migraine tdah?


Bien que la comorbidité est maintenant clairement établie, la causalité directe n'est pas évidente. Le TDAH et les migraines partagent des caractéristiques sous-jacentes communes. Par exemple, les deux conditions peuvent être influencées par des facteurs génétiques et environnementaux similaires.

Plusieurs axes sont suspectés :

  • Un déséquilibre des neurotransmetteurs, comme la dopamine, ou encore la sérotonine, le GABA et la noradrénaline sont probablement impliqués dans les affections concomitantes. Notamment, la dopamine jouerait un rôle clé dans la relation entre TDAH et migraine (cette étude sur les adultes).


  • Une cause génétique semble également prometteuse : ainsi, le gène KIAA0564 a été associé à la migraine chez les personnes atteintes de trouble bipolaire et de TDAH (cette étude).


  • Enfin, des anomalies de l’axe hypothalamo-hypophyso-surrénalien (axe HHS) pourraient jouer un rôle (cette étude ou celle-ci sur les enfants). L’axe hypothalamo-hypophyso-surrénalien est responsable du système de réponse au stress, régule le système nerveux autonome et est lié au sommeil.


On peut trouvez aussi de nombreux points communs aux deux affections, notamment un dysfonctionnement cognitif, comme le fait d'avoir du mal à rester concentré. Par ailleurs, et c'est très important, le diagnostic de ces deux affections repose sur les symptômes présentés et une histoire clinique ; il n'existe pas de test de laboratoire ni de biomarqueur permettant de les diagnostiquer.


Enfin, à la fois le TDAH et la migraine peuvent avoir un impact profond sur la scolarité et la vie professionnelle et d'autant plus s'ils sont combinés : la co-occurrence de migraines et de TDAH peut compliquer la gestion des symptômes de chaque condition. Les migraines peuvent aggraver les symptômes du TDAH, et vice versa, affectant ainsi significativement la qualité de vie des individus concernés. Par exemple, les personnes atteintes de TDAH présentent souvent des troubles anxieux, qui peuvent être exacerbés par la présence de migraines. Le stress et l'anxiété sont des déclencheurs courants des migraines, créant ainsi un cercle vicieux.



Quelle approche quand on est migraineux et TDAH?


Certaines recherches suggèrent que le TDAH et les migraines pourraient être liés à une suractivité ou à un dysfonctionnement des neurotransmetteurs dans le cerveau, mais, les mécanismes exacts restent à élucider.

La prise en charge optimale des personnes présentant cette comorbidité nécessite donc une approche intégrée qui tient compte des deux conditions. Le traitement des migraines peut inclure des médicaments spécifiques mais avant tout une hygiène de vie tenant compte de ses déclencheurs personnels (un journal est toujours le bienvenu pour noter la survenue des symptômes et les conditions diététiques, environnementales, cycle menstruel chez la femme etc, je ferai un article à ce sujet prochainement).


Le TDAH peut nécessiter, également en plus d'une hygiène de vie adaptée, des interventions comportementales et pharmacologiques. Mais il faut garder à l'esprit que les stimulants donnés pour traiter les symptômes problématiques du TDAH peuvent provoquer des céphalées. Si les médicaments sont utiles, ils ont donc parfois des effets secondaires malvenus pour ceux qui ont des comorbidités. En ce qui nous concerne, ce sont les corticoides inhalés pour l'asthme qui avaient un effet amplificateur de l'hyperactivité de nos filles (un post est d'ailleurs en cours de rédaction sur le sujet).



L'aprentissage de l'autohypnose aide dans la gestion des douleurs et de l'anxiété, donc du duo infernal migraines/tdah.
L'aprentissage de l'autohypnose aide dans la gestion des douleurs et de l'anxiété, donc du duo infernal migraines/tdah.


C'est pourquoi nous avons choisi de favoriser à l'adolescence une approche de traitement de la douleur dans un premier temps par l'apprentissage de l'auto-hypnose, qui a pour objet de connecter les ressentis du corps que beaucoup de TDAH ont du mal a identifier ou reconnaitre tant leur cerveau est toujours surinvesti à leur détriment, sans parler des migraineux.

Nous avions effectué aussi dans la petite enfance des approches par psychomotricité, Methode Padovan et Neurofeedback, ainsi que sophrologie, et l'ensemble s'était avéré intéressant non seulement au niveau des symptômes tels que l'impulsivité, la relation à l'autre (respect des distances), l'anxiété de performance, l'hypersensibilité générale mais aussi dans la réduction des crises liées à la gestion des stimuli tactiles (voir mon article sur les chaussettes et leur torture!) tant l'hyperesthésie tactile était invalidante pour ma fille et vraiment problématique pour le reste de la famille. L'anxiété générée par ces crises était problématique en général, mais aussi pour son TDAH et ses crises migraineuses. On voit que toutes les condictions sont susceptibles de s'aggraver l'une l'autre si une approche globale n'est pas envisagée. Par exemple, tout cela a été d'autant plus bénéfique, que, comme ma fille a une trentaine d'allergies alimentaires avec risque anaphylactique, le TDAH, son imulsivité et son manque d'attention la placent dans une situation dangereuse (avec une maman transformée en vigipirate anti-allergènes 24h/24).


Outre le fait d'éviter les effets secondaires des médicaments, une approche globale est ainsi forcément vertueuse, bien qu'elle nécessite beaucoup d'investissement à la fois chronophage et financier (car non remboursée) par rapport aux médicaments (qui eux, son remboursés). Mais cela vaut le coup et c'est un investissement à long terme.



La gestion du corps, de ses ressentis et des émotions : une étape clé pour le TDAH et les migraines


Il s'agit d'apprendre à se connaitre mieux et d’investir son corps et ses sensations. Au-delà de l’intérêt de rééducation sensorielle, proprioceptive, des sensations, etc, il y aussi un aspect relatif à la douleur. Quand il est douloureux, et c'est le cas pour les migraineux ou les polyallergiques (vomissements, maux de ventre, malaises, stress intense), le corps peut être désinvesti au profit du "tout-pensée". Cela pose des problèmes nombreux car les émotions sont des signaux du corps, ce que les TDAH et leur pensée non-stop ont aussi tendance à ignorer (sans parler des HPI ou des TSA).



Une abeille a un tout petit cerveau mais il lui suffit à subsister, éviter les dangers. Pourquoi ne pas écouter son corps comme les animaux que nosu sommes?
Une abeille a un tout petit cerveau mais il lui suffit à subsister, éviter les dangers. Pourquoi ne pas écouter son corps comme les animaux que nosu sommes?

Dans l'évolution des espèces, les émotions ont précédé la pensée telle que l'homme la définit pour lui même, elles sont donc utiles a tous les animaux pour apréhender leur environnement et.... nous sommes des animaux. Cependant, certaines émotions ou anxiétés sont deconnectées de la réalité des menaces que nous subissons réllement au quotidien (au sens danger réel) , il faut donc apprendre :


1) à savoir qu'elles sont là pour les identifier (eh oui, les mettre sous le tapis ne résoud rien et elles reviennent sans arrêt ! D'où peut être même une augmentation des migraines...)

2) évaluer leur pertinence par rapport à notre situation objective (suis-je rééllement en danger? Est ce que mes réactions sont adaptées?),

3) et reconnaitre ses besoins propres (de quoi ai-je BESOIN, et non ENVIE? et ce n'est pas forcément la même chose que son voisin, même s'il est aussi neuroatypique ou migraineux).


Ainsi certaines personnes et en particulier les neuroatypiques ne tiennent pas compte de certains signaux envoyés par le corps, et la situation peut devenir préoccupante, avec un effet boule de neige. C'est ainsi que je n'ai plus honte de me ballader par tous temps et même la nuit avec des verres teintés pour éviter la surchage de stimuli lumineux (soleil, ciel blanc, lumières, phares), même si on dirait que je me prends pour une star , comme ça j'évite beaucoup de migraines de trois jours !


Et vous, êtes vous concernés par les migraines et/ou le TDAH? Avez vous tendant à trop "cogiter" ou a être anxieux au point de déclencher des céphalées ? Et quels sont vos trucs pour tout gérer?


A bientôt,


Irène Zen



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